Le 15 février est le dernier jour pour faire part aux commissaires enquêteurs de l'avis des citoyens sur ce projet en gestation depuis de très nombreuses années sur l'autre rive de la Laïta.
Voilà ce que CAPAS écrit sur le registre de l'enquête publique:
Monsieur le commissaire enquêteur,
Cap Action Solidarité , association citoyenne de Clohars Carnoët a pour but de développer des actions et des propositions dans les domaines de l’environnement, de l’urbanisme, du social, de la culture, de l’économie, de la vie associative et politique de la commune et de l’intercommunalité dans une perspective de développement durable et solidaire.
A ce titre CAPAS fait des observations dans le cadre de l'enquête publique sur le dossier de demande d'autorisation d'extension du port de plaisance de Guidel, présenté par Lorient Agglomération.
1-Justification de cette extension
Faut-il pour obtenir 90 places supplémentaires pour des bateaux de moins de 10 m construire un aménagement qui ne couvrira que très partiellement les besoins avancés par Cap Lorient pour justifier son projet : le nombre important de demandeurs inscrits sur la liste d’attente auprès de la Capitainerie (252 demandes au 31 mars 2011- p 28 et 140 Etude d’impact) est-il vraiment représentatif des demandes en attente puisqu ’un demandeur peut s’inscrire sur plusieurs listes dans différents ports ?
N’y a-t-il pas d’autre(s) solution(s) à envisager surtout en un lieu particulièrement sensible comme l’est l’estuaire de la Laïta où
- la barre qui existe en limite l’accès (p.32 – étude d’impact) particulièrement par temps médiocre . «L’estuaire de la Laïta est caractérisé par une évolution morphodynamique très intense. » p.56 étude d’impact
- le chenal de faible profondeur dont le parcours varie très rapidement au grand dam des utilisateurs. « Le chenal d’accès aux ports n’est pas fixe dans le temps. Il divague selon la localisation des bancs de sable qui évoluent en fonction des conditions hydrologiques. Le fond du chenal est constitué d’un sable assez grossier recouvert de place en place par des galets. Face à l’anse du Bas-Pouldu, la rivedroite, de pente plus raide et limitée par le chenal, est formée par une plage de sable et de galets. » p.51 Etude d’impact
- le clapot engendré par la houle dans le port-même peut être extrêment gênant pour les usagers .
- l'accès du port est limité aux embarcations de tirant d’eau modéré et par beau temps ; il ne permet pas d’avoir un repli sûr par mauvais temps (étude d'impact, p. 47 )
2- Répercussions de cette extension sur l’environnement
Tout d’abord on peut s’interroger sur le fait que l’espace Natura 2000 soit limité précisemment aux alentours du tracé du port projeté en excluant celui-ci. Cela semble très opportun pour mener des projets comme celui envisagé !
- Sur les paysages
La qualité du paysage de cet estuaire sera entachée comme le montre les esquisses p.33 de l’étude d’impact . En particulier les visuels perçus de la commune de Clohars Carnoët perturberont ce patrimoine paysager que constitue cette rivière côtière figurant sur la liste des sites majeurs restant à classer en France. L’impact visuel e la rive Gauche de la Laîta st aussi concerné.
- Sur les milieux
Il est légitime de s’interroger sur les répercussions de cette extension sur la qualité des eaux aussi bien de l’estuaire que du milieu marin lui-même.
En effet le dragage des 39 000 m3 de sable que nécessiterait le creusement du port à moins 3,2m dans le port (les bateaux escomptés n’auront jamais un tel tirant d’eau !) mobilisera des sables souillés de différentes substances toxiques (en particulier le tributylétain). De l’ avis de l’Autorité de l’Environnement les tests et résultats présentés sur la qualité des sédiments sont à compléter.
Ces 39000 m3 de sable dragués sont rejetés au jusant, 10h par jour, en
fonction de la marée à l’entrée de l’estuaire. Les deux autres solutions
envisagées par le maîtred’ouvrage ont été rejetées en raison de
difficultés techniques trop lourdes. Cependant, il est légitime de
s’interroger sur les effets de ces rejets quant à la turbidité et au
déplacement en mer de ces produits toxiques dans une zone où il est
reconnu par ailleurs l’importante mouvance.
« L’embouchure trouve son équilibre dynamique entre l’action directe
de la mer et celle de la Laïta. Ce système est donc par nature instable
et confère une morphologie variable à l’estuaire sableux de la Laïta.
Ainsi, la morphologie de l’embouchure de la Laïta est difficilement
prévisible. » ( paragraphe 1-4-4-3, page 17 du projet EGIS EAU)
- Implantation d’une base de jet-skis
Ce « sport » particulièrement polluant ne devrait pas pouvoir avoir droit de citer dans l’environnement remarquable de l’estuaire de la Laïta. Il est polluant au niveau de l’énergie qu’il réclame en ces temps de réduction de l’énergie prônée par le Grenelle de l’ Environnement . Il est polluant par les nuisances très sonores troublant le calme de l’estuaire. Il est également polluant visuellement. Cette base se situerait sur la zone d'attente de remontée des poissons migrateurs, dont le saumon.
Par contre la décision de créer une aire de carénage « propre » et de traiter les eaux de ruissellement des terre-pleins pour améliorer les alentours du port actuel sont des points positifs pour cette zone sensible.
3- A quel coût ?
Les citoyens ne peuvent pas ne pas s’interroger sur le coût d’un tel projet
Les infrastructures de ce port en elles-mêmes ont un coût de revient TTC à 3 707 600 € TTC.
En y ajoutant les aménagements de l’aire de carénage, des parkings, des sanitaires, de la microdéchetterie, le total pour le contribuable est de 5 083 000 € TTC en 2009. (p.23 Etude d’Impact ). Qu’en est-il aujourd’hui en 2013?
Pour une place créée le coût de revient est de 41 195 € TTC.
Les aménagements à terre sont sûrement nécessaires et ont déjà un coût de 1 375 400€ TTC.
Sur qui va se répercuter cette facture pour satisfaire la demande de quelques uns ?
Les difficultés économiques actuelles retentissant sur nombre de personnes inciteraient à financer par de telles sommes des aménagements utiles à l’ensemble de la population. Ne peut-on envisager meilleure utilisation pour ces subsides?
On peut aussi s’interroger sur la finalité de l’agrandissement de ce port. Des visées spéculatives, de promesses d’emplois dans la filière nautisme dans la filière tourisme de la station balnéaire de Guidel ne sont-elles pas en filigrane de ces projets que l’on peut juger comme exhorbitant.
Pour toutes ces raisons CAPAS demande, Monsieur le Commissaire Enquêteur,à ce que vous prononciez un avis défavorable à l’extension du port de Guidel.
Veuillez agréer nos sentiments respectueux.