Comme nous l'avons vu dans la première partie (cliquez là), le bilan Sarkozy concernant l'emploi, les finances publiques, l'insécurité, la protection sociale n'est pas fameux.
La suite du bilan n'est pas meilleure.
Cela commence à bien faire
On se souvient de cette phrase « L’environnement, çà commence à bien faire », prononcée en milieu de mandat au salon de l’agriculture.
C’était pourtant bien parti avec la signature, comme les autres candidats, du « pacte écologique » proposé par Nicolas Hulot, la création d’un super ministère Développement Durable ajoutant l’énergie et les transports aux compétences de l’ancien ministère de l’écologie et surtout le lancement du Grenelle de l’Environnement.
« Durcissement des normes thermiques dans le bâtiment neuf, isolation des logements anciens, verdissement des plans d’urbanisme, baisse des émissions des véhicules neufs, essor du solaire et de l’éolien, développement de l’agriculture biologique, diminution de l’usage des pesticides, l’impulsion du Grenelle a marqué un tournant dans les politiques publiques jusque là très productivistes »
Les engagements chiffrés sont suivis et, selon le cabinet Ernest Young, en octobre 2010, 18% des engagements étaient réalisés et 59% mis en œuvre.
Mais cela n’a pas duré avec le coup de frein brutal donné à l’essor du photovoltaïque, le report de l’écotaxe sur les poids lourds, le retrait de l’énergie du champ d’action du ministère du Développement durable.
Et, en point d’orgue, l’abandon du projet de taxe carbone, pourtant réduit à sa plus simple expression.
En final, la France est toujours à la traine sur la fiscalité verte en Europe (24 ème sur 27 avec 1,5% du PIB de taxes vertes)
Les émissions de gaz à effet de serre ont diminué de 4 % entre2007 et 2010 mais cela est surtout du à la hausse du prix des carburants.
Par contre, au niveau international, la France continue de parader ...
Une école de l’inégalité des chances
Là aussi le discours était ambitieux.
On devait réhabiliter l’autorité et les savoirs, réformer l’école unique, remodeler les rythmes scolaires, lutter contre l’échec scolaire, développer la mixité sociale et une culture de l’évaluation, revaloriser le métier d’enseignant.
Le tout avec moins d’effectifs.
De ce côté là on a été servi !
60 000 postes d’enseignants ont été supprimés mais, entre temps, le nombre d’élèves a augmenté, ce qui fait que les classes sont de plus en plus surchargées alors que la France était déjà un des mauvais élèves de l’OCDE.
Pour absorber cette chute des effectifs, le gouvernement a renoncé à scolarises les élèves à partir de deux ans.
A ce jour, il n’y a plus que 13,6 % des enfants de deux ans en maternelle contre 24,5 % en 2005.
Coté salaires, les nouvelles recrues ont bien été augmentées mais pas les autres.
Les enseignants sont maintenant recrutés au niveau Bac + 5 mais la formation pratique et pédagogique a totalement disparu.
La carte scolaire a été assouplie, ce qui a augmenté la ségrégation sociale entre collèges.
Mesure positive et insuffisante, le gouvernement a mis en place 22 internats d’excellence accueillant 10 000 élèves issus des ZEP.
L’autonomie a été accordée aux universités et partiellement aux lycées mais les marges de manœuvre budgétaire sont faibles.
En final, tout un tas de dispositifs visant à classer les élèves dans des filières ou établissements spécifiques en fonction du niveau, du comportement ou du lieu d’habitation fragilisent un peu plus le collège unique.
Alors que ce sont les pays de l’OCDE qui ont préservé un socle commun au moins jusqu’à 15 ans qui ont les meilleurs résultats scolaires.
Réforme de l’Etat :
Depuis le 1er Aout 2001, sous Jospin, la Loi Organique relative aux lois de Finances (Lolf) a pour but de moderniser l’Etat, qui en a bien besoin.
Désormais les parlementaires ne votent plus des crédits aux ministères mais financent des « Missions » avec des objectifs à atteindre suivis par des indicateurs.
Cette intention louable a en fait êté instrumentalisée par Sarkozy pour réduire fortement le nombre de fonctionnaires (la fameuse règle du non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant en retraite).
Alors qu’il aurait fallu partir des besoins publics et de la meilleure façon de les satisfaire, ce qui aurait conduit, sur le plan des effectifs, à les réduire ici pour les augmenter ailleurs.
Au contraire, une logique comptable a été utilisée avec un objectif chiffré de réduction annuel venu d’en haut.
Avec ce type d’objectifs, il était inéluctable que ce soit le ministère ayant le plus d’effectifs qui y contribue le plus.
Ce qui fut fait avec la suppression de 66 000 emplois à l’Education nationale sur un total de 160 000 postes supprimés pendant le quinquennat.
Dans certains cas les objectifs ont pu être obtenus via la mise en œuvre de réorganisations mais la plupart du temps, notamment dans l’enseignement et la police, le service a été dégradé.
Avec un résultat en terme budgétaire bien plus faible que prévu (3,6 milliards d’euros sur la mandature) si l’on prend en compte le recours accru à la sous traitance privée et les ajustements de salaires de certaines catégories d’agents.
Pauvreté
Le but de la mandature était de « réduire la pauvreté d’un tiers en 5 ans ».
Si l’on considère comme pauvre une personne gagnant moins de 60 % du Smic, soit 954 euros par mois en 2009 (« seuil de pauvreté »), il y avait en 2007 en France 8 170 000 pauvres et 8 250 000 en 2009 (pas encore de chiffres sur 2010 et 2011).
Et, en 2009, près de deux millions de personnes gagnaient moins de 40% du Smic.
La création du Revenu du Revenu de Solidarité Active (RSA) devait être le moyen de tenir les objectifs envisagés.
Le RSA socle a remplacé le RMI, mais il n’a pas été revalorisé.
Il est actuellement de 471 € pour une personne seule, soit la moitié du seuil de pauvreté.
Le deuxième volet du dispositif, le « RSA Activité », devait offrir un complément aux travailleurs pauvres.
Mais le système n’est pas assez généreux pour permettre à la majorité des ménages de sortir du seuil.
Et la complexité du dispositif, le manque d’information, ont limité le nombre de bénéficiaires.
En final, seuls 32% des bénéficiaires potentiels y ont eu recours.
Le seul point positif de ce bilan est la hausse, en cinq ou six ans de 25%, de l’Allocation aux adultes handicapés et du minimum vieillesse.
Pour le reste, entre la désorganisation du Pôle emploi, l’absence de mesures pour lutter contre le recours aux non-soins des personnes les plus fragiles, l’absence de politique du logement rendant inapplicable le principe du Droit au Logement, on se situe entre régression et stagnation sociale.
Heureusement, la solidité du système social français a permis de limiter les dégâts, contrairement à beaucoup d’autres pays européens.
Immigration
En 2007 il accordait une place importante à l’immigration voulant instaurer de plafonds annuels, obliger les immigrés à apprendre le français, limiter le regroupement familial.
En fait, depuis 2007, les flux migratoires ont peu évolué.
En 2010, 203 000 étrangers hors Union Européenne ont obtenu un titre de séjour de longue durée, contre 173 800 en 2007 et, en moyenne sur 4 ans, ce chiffre a été de 180 000.
La France continue à accueillir beaucoup moins d’immigrés que ses voisins : 626 000 entre 2007 et 2009 contre 1,7 millions en Allemagne, 1,5 en Italie et 2,2 en Espagne.
Par an, 80 000 personnes arrivent au titre du regroupement familial, 10 000 au titre du droit d’asile.
L’immigration économique de main d’œuvre qualifiée, que le gouvernement voudrait développer est faible.
En matière d’immigration illégale, le nombre d’expulsions a beaucoup augmenté, passant de 10 000 personnes en 2002 à 29 000 en 2009.
Des « objectifs » chiffrés ont été fixés conduisant à s’attaquer à une population étrangère installée en France depuis longtemps, avec des enfants ou des étrangers malades, ce qui a suscité de nombreux drames humains.
Mais, en final, cela a conduit à régulariser plus d’étrangers qui remplissaient les droits de séjour mais n’osaient pas le demander.
Le paradoxe de la situation est que, entre 2007 et 2009 il y a eu plus de personnes régularisées (90 000) que de personnes expulsées (82 000) !