Pour tous ceux qui ont assisté à l'inaugation du festival Rêves d'Océans le vendedi 18 Juin, le discours tenu par Serge Hugot, président de l'association, sortait de l'ordinaire.
"Emouvant, fait avec les tripes, passionnant, passionné" sont quelques uns des adjectifs qui reviennent le plus souvent.
Avec son aimable autorisation, nous publions l'intégralité d'un discours qui aura donné tout son punch à cette remarquable sixième édition.
(Petite innovation technique : en cliquant sur les images petit format portant sur le festival on en affiche une version plein écran)
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Monsieur le Député, Monsieur le Conseiller Général, Monsieur le président de la COCOPAQ,
Monsieur le Conseiller Régional, monsieur le Maire, mesdames messieurs les élus, mesdames, messieurs les partenaires du domaine institutionnel, vous me permettrez d’excuser l’absence de madame Kerbiquet, inspectrice de l’éducation nationale dont le concours a permis à plus de 3 000 élèves de la Cocopaq de faire avec nous la traversée, je vous convie à prendre connaissance de leurs magnifiques productions.
Mesdames et Messieurs et les partenaires du domaine privé et du domaine associatif, chers amis bénévoles, je vous souhaite la bienvenue à l’inauguration de la sixième édition du festival du livre jeunesse “Rêves d’océans.
Je dois vous présenter les excuses de monsieur Le Drian, président du Conseil Régional. Mr Jean-Michel Le Boulanger, vice-président chargé de la culture et pratiques culturelles, de monsieur Pierre MaiIle, président du Conseil Général du Finistère, de madame Nathalie Sarabezolles, chargée de la culture au conseil général, de monsieur Le Pensec sénateur ainsi que de plusieurs élus qui m’ont dit combien regretter de ne pouvoir être parmi nous.
C’est en effet la sixième fois que nous vous invitons à partager avec nous ce moment toujours un peu empreint de solennité qui balise à la fois une année de travail préparatoire pour l’équipe de pilotage, une année scolaire de travail autour du livre dans les établissements de notre communauté de communes, et le seuil de deux jours de magnifiques rencontres entre les jeunes et moins jeunes lecteurs et les talentueux auteurs et illustrateurs qui nous font l’honneur de venir dans ce magnifique cadre de Doëlan.
Il est donc d’usage, qu’en un tel moment, il ne se dise que des propos aimables dont la teneur générale pourrait se résumer ainsi : tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Vous voudrez bien m’excuser si pour une fois je ne respecte pas la tradition et si ce qui suit peut paraître politiquement incorrect c’est parce que notre colère à tous est très grande et qu’il nous est impossible de nous taire tant les vents sont contraires.
Sept années de navigation sur une mer de la sérénité avec vous tous qui êtes là encore aujourd’hui.
Nous avons menés le bateau ensemble vers des horizons littéraires chaque année un peu plus ensoleillés malgré quelques tempêtes sournoises que nous avons toujours surmontées.
Mais des nuages bas se profilaient à l’horizon et la courbe du baromètre financier s’infléchissait de façon inversement proportionnelle à la courbe de satisfaction des visiteurs, des auteurs et des organisateurs.
L’an dernier à pareille époque je posais la question suivante à l’un de nos partenaires institutionnels qui nous soutient sans arrière pensée depuis la création du festival : est-il judicieux parce que les recettes propres générées par l’événement augmentent de remettre en cause le montant de l’aide que vous apportez ?
Prémices de la situation que nous connaissons aujourd’hui, le même partenaire se trouve contraint, d’amputer la subvention qu’il nous versait de 25 % parce que l’état ne compense pas à l’euro près les dépenses sociales dont il se décharge sur les collectivités locales.
Et dans ce cas, des organisations comme la nôtre, où le bénévolat est la règle d’or sont les premières touchées, il n’y a pas d’emploi à sauver, du moins en apparence.
La réalité est plus complexe : plus de festival ! plus de chapiteaux à monter, plus d’affiches à créer, plus de supports de communications à imprimer, plus d’auteurs et illustrateurs invités à faire connaître leur talent et à entrer en contact avec leurs lecteurs, plus de libraires conviés à exercer leur savoir faire, plus d’enfants invités à pénétrer le monde merveilleux de la littérature .
Si ce premier écueil avait été le seul, nous aurions été fortement secoués dans les brisants mais le bateau en serait sorti indemne mais comme on le dit en langage marin : « la route était mal pavée.
La direction Départementale de la Jeunesse et Sports qui nous soutenait depuis le début a été fondue dans une nébuleuse appelée Direction Départementale de la Cohésion Sociale et n’a plus un centime à apporter à nos manifestations.
Existe t-il encore un département culture dans cet organisme quant on constate qu’il faut de longues recherches sur internet pour accéder au chapitre lecture sur le site de la D.D.C.S 29.
Résultat de l’opération 1 000 euros manquent à l’appel.
Cela ne suffisait pas, puisque la SNCF qui nous suivait depuis trois ans, en finançant les déplacements des auteurs, a subitement décidé de nous lâcher : 3 000 euros manquent à l’appel, mais comme on ne prête qu’aux riches on retrouve le logo de la SNCF sur les affiche du festival du livre de VANNES : organisation professionnelle au budget de 300 000 € , dix fois le nôtre.
Colère….
Colère, parce qu’en même temps on nous rapporte des propos gouvernementaux qui tendraient à prouver que l’argent existe.
La France va organiser en 2016 le championnat d’Europe de football, on nous promet un milliard et demi de travaux pour construire des stades non pas pour permettre à de jeunes de participer à la façon de Coubertin mais pour que l’on puisse applaudir des « fémurs musclés » dont le salaire mensuel représente entre 3 ans et demi à 18 ans de salaire d’un ouvrier débutant.
Grosse colère… parce que des sorciers de la finance confortablement assis devant leur ordinateur jouent au Monopoly et mettent en péril des pans entiers de l’économie et ceci toujours au détriment des plus démunis.
En colère mais pas abattus, nous avons relevé la tête, la sixième édition est ouverte et nous espérons avec vous inaugurer un jour la dixième édition.
Pourquoi tant d’optimisme ?
Tout simplement parce vous élus de la communauté de communes vous nous avez apporté votre soutien, cela s’est traduit par une augmentation de la subvention, vous nous avez assuré de votre appui dans notre quête de nouveaux partenaires financiers, nous vous en remercions.
Et puis, l’appel au secours lancé en direction des illustrateurs qui ont fréquenté le festival depuis sa création a suscité un élan de générosité et une foule de témoignages émouvants.
Les œuvres originales reçues seront attribuées par tirage au sort aux généreux donateurs qui conscients des enjeux engagés apporteront leur contribution à cette opération « festival en danger ». Je vous invite à vous arrêter au stand du même nom et à y lire la contribution de Pef.
Pour conclure et avant de laisser la parole à Françoise, vice-présidente de l’association qui va vous parler de « traversées « en des termes moins polémiques, je voudrais vous faire partager ces quelques lignes empruntées à Hervé Bertho, éditorialiste à Ouest France :
"Les pouvoirs publics privent aujourd‘hui les affaires culturelles de leurs fonds, c’est la société qui s’asphyxie, c’est Mozart qu’on assassine en chaque enfant… la culture n’est pas accessoire pour faire joli.
Elle n’est ni de droite ni de gauche.
C’est l’air que nous respirons."
Je souhaite donc au festival de nombreuses brises marines aux senteurs iodées, à toi Françoise initie nous à la traversée.