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4 février 2009 3 04 /02 /février /2009 19:42


La diffusion sur France 2 des deux volets du remarquable téléfilm de Jean-Daniel Verhaeghe « L’Abolition » avec Charles Berling dans le rôle de Robert Badinter, nous conduit à rééditer cet article paru dans le numéro 2 de notre journal " la Vigie du Cap", en 2001, sous la plume de Serge Hugot :




Il y a tout juste vingt ans, Octobre 1981, sous l’impulsion de Robert Badinter,  Garde des Sceaux, la France tournait une  page de son histoire en votant l’abolition de la peine de mort. Dans son livre L’ABOLITION,  publié  en 2 000 chez Arthème Fayard,  Robert Badinter nous apprend qu’une partie de cette victoire remportée de haute lutte sur la barbarie s’est jouée à Doëlan, comme le montrent les extraits suivants :


« Il n'y avait aucune raison, parce qu'on supprimait la peine de mort, d'aggraver le régime des condamnations à perpétuité.  En un mot, ce que je voulais, c'était accomplir le vœu formulé par Victor Hugo en 1848 “L 'abo­lition doit être pure, simple et définitive. »


 Si, juridiquement, cela avait été possible, le projet n’aurait donc comporté que l'article premier.  Mais, tech­niquement, il fallait tirer, dans le Code pénal, les conséquences de l'abolition.  En particulier, il fallait effacer les dispositions relatives au mode d'exécution, et tout spécialement le trop célèbre article :

« Tout condamné à mort aura la tête tranchée”...


Le projet était prêt.  Il ne restait plus qu'à le soumettre au Conseil des ministres et à préparer le débat à l'Assemblée nationale.  Je nourrissais quelque inquiétude à ce sujet.  Certes, j'avais souvent argumenté en faveur de l'abolition.  Mais j'étais préoccupé par la forme...



  J'interrogeai donc François Mitterrand, grand orateur lui-même et familier de l'hémicycle.  Il parut surpris et se borna à me dire : « Défiez-vous seule­ment de vous-même.  Vous êtes un passionné.  Ce n'est pas de mise au Parlement.  Et, surtout, rappelez-vous toujours que, dans une Assemblée, les parlementaires sont chez eux.  Comme ministre, vous êtes leur invité.  Ils peuvent vous brocarder, vous attaquer, vous lancer mille flèches.  Même transformé en saint Sébastien, ne vous laissez jamais aller à répondre sur le même ton.  Votre meilleure arme, c'est l'ironie.  On vous pardonnera tout si vous savez faire rire au détriment de votre adver­saire.  Mais jamais de colère ni de fureur. 


S'agissant de l'abolition, je ne redoutais pas d'impro­viser à partir de quelques notes... Mes collaborateurs à la Chancellerie me dissuadèrent de tenter pareille aventure.  L'heure n'était plus à convaincre des jurés.  Seule importait à présent l'opinion publique.  C'était à elle qu'il fallait m'adresser, bien au-­delà de ceux qui m'écouteraient dans l'hémicycle.  Pour y arriver, le concours des médias était nécessaire.  Il fallait que mon discours pût être aussitôt diffusé.  La politique primait l'éloquence.  Je me rendis à ces raisons. Évidemment, j'écrirais moi-même le discours.  Il était hors de question de lire le texte d'un autre, aussi brillant fût-il. À l'heure ultime, les paroles que je prononcerais pour l'abolition ne pouvaient être que miennes.


Paul Guimard et sa femme Benoîte Groult nous avaient offert l'hospitalité dans leur demeure proche de Lorient.  Ils étaient partis en Irlande.  Nous étions seuls, Élisabeth et moi, dans cette petite maison de douanier en granit, accrochée à la falaise dominant un port.  Un jardin de curé prolongeait la terrasse.



Il éclatait d'hor­tensias et de roses en ce mois d'août.  Les bateaux de plaisance ou de pêche étaient ancrés en contrebas. Je les voyais glisser, à l'heure de la marée, vers l'océan qui se découvrait à l'extrémité de l'anse.  Nous étions merveil­leusement au calme.  C'est là, sur la terrasse, que j'écrivis mon discours ou, du moins, la première version que je devais retoucher, comme à mon ordinaire, presque obsessionnellement, jusqu'au moment de le prononcer.  Ce texte ne me coûta ni effort ni angoisse.  Les phrases s'alignaient presque spontanément sous la plume.  De temps à autre, je levais les yeux vers la mer.  Mon regard s'accrochait à une voile qui tressaillait sur le ciel.  Tout respirait la douceur de la Bretagne en été. Je souriais et me remettais à l'ouvrage.  Le temps de l'abolition était venu”.



Robert BADINTER  - L’ABOLITION


Extraits publiés avec l’aimable autorisation de la Librairie Arthème Fayard .




Pour lire le discours intégral de Robert Badinter à l'Assemblée Nationale, le 17 septembre 1981, cliquer ici.


L’abolition de la peine de mort a été  constitutionnalisée sur une initiative de Jacques Chirac,  le 19 février 2007,  par les députés et sénateurs réunis lundi en Congrès à Versailles pour voter l'adoption de l’article 66-1 :

Nul ne peut être condamné à la peine de mort.


Pou lire la loi  du 9 octobre 1981 portant abolition de la peine de mort, cliquer là.
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commentaires

G
Demandons à notre "Bon maire" de mettre une plaque sur la maison de Benoite avec ce texte comme il existe une plaque sur l'appel du 18 juin sur la place de la mairie.<br /> Les deux textes sont historiquement très importants.<br /> Gwill
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