et tu te mets pieds nus sur le sable, et sens sa chaleur aussitôt, la violence immédiate de sa chaleur, et te brûle, est une plaie, une blessure qui te brûle, te dévore, et tu es obligé de lever un peu les pieds, de les bouger, de marcher,
tu ne traînes pas, t'installes, te déshabilles vite, et vas vers l'eau, vas dans l'eau,
maintenant tu es bien, tu fais la planche et ne bouges pas, ne bouges plus, te laisses porter, dériver, tu es bien,
le ciel appuie sur tes yeux, le bleu dense, exact du ciel, la clarté limpide du soleil,
et puis tu as une pensée pour ceux qui ne sont pas là, penses à tous ceux qui travaillent et ne sont pas là, habitent loin, sont loin, et tu souris, tu as envie de les embêter, de les narguer, tu es méchant,
et puis quand tu sors, quand tu es sorti, tu décides de le faire, de les appeler, et un par un, de leur raconter, de leur expliquer, et le soleil, la plage, la transparence apaisée de la mer, de détailler, de rajouter,
aujourd'hui il y a plus de vent, et les nuages, la pluie de temps en temps, tu es resté chez toi, tu as du travail et tu t'y mets, et seul le bruit régulier, incessant du téléphone,
tu ne réponds pas,
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