La vie est dure pour le monde ouvrier en ce premier quart du XXiéme siècle.
En particulier pour les Penn Sardin qui chantent malgré tout,...
Mais sous cette apparente résignation couve une colère qui va déclencher un mouvement sans précédent.
Le 20 Novembre 1924 des ouvriers de l'usine Carnaud déclenchent un mouvement de grève, mouvement rejoint par les « Penn sardin » avec leurs propres revendications salariales.
Elles sont de toutes les manifestations scandant « Pemp-real-a-vo », « Vingt-cinq-sous, il y aura », demandant de recevoir 25 sous de l'heure (le sou, dans le langage populaire représentait le vingtième du franc, ainsi que la pièce de cinq centimes).
Le chant est devenu un outil de contestation : « il permet de créer une cohésion entre les femmes dans leur travail quotidien, comme dans la lutte pour leurs revendications sociales ».
Au plus fort de la crise sociale, s'élèveront inlassablement les couplets de l'Internationale et les refrains anarchistes, sous les fenêtres des patrons alors impuissants à rompre cette musique subversive
Le maire de Douarnenez, Daniel Le Flanchec, membre du parti communiste, qui vient d'emporter la mairie, les soutient.
La grève durera 42 jours avec un point culminant : le 1er janvier un attentat est commis contre le maire et son neveu par un briseur de grèves, payé par le patronat, nommé Léon Raynier. Le maire en perdra l'usage de la parole.
La foule se met en colère et saccage tout sur son passage. Les patrons doivent céder sous la pression des autorités publiques qui veulent voir cesser ces désordres. Le conflit prend donc fin le 8 janvier. Les ouvrières n'auront pas tout à fait obtenu l'augmentation demandée de 25 sous de l'heure. On leur accorde 20 sous de l'heure en plus.
[Un film de Marc Rivière, fort populaire à l'époque (quatre millions d'entrées) a été réalisé en 2003.sur cet épisode, intitulé « Penn Sardines » . Le DVD peut être commandé sur Internet.
La chanteuse bretonne Marie-Aline Lagadic a réalisé un album « Le Chant des Sardinières » sur les chansons de cette époque (cliquez là)
Ceux qui fréquentent la sympathique chorale « Choeur à coeur » de Moëlan, animée par Marie-Hélène Le Bourvellec, entendent à chaque fois le bruit des sabots des sardinières quand ils chantent à plein poumon « Les Penn Sardin », paroles et musique de Claude Michel et JP Dovilliers ]
Malheureusement, cette victoire à la Pyrrhus ne peut masquer la réalité d'un marché en pleine crise. Au début des années 30, Il n'existe plus que 180 conserveries en Bretagne et en Vendée. La concurrence est rude avec les conserveries portugaises et espagnoles.
A Doëlan, il ne reste plus qu'une usine à partir de 1945. Celle qui employait encore en 1960 une soixantaine de « penn sardin » et s'appela successivement SIT, puis La Doëlanaise, puis Capitaine Cook, et ferma définitivement en 1997, faute de poissons.
Les « Penn Sardin » ne chantent plus.